Mme P., 73 ans, est adressée pour bilan de douleurs de la hanche droite.
Elle se plaint depuis quelques semaines d'une douleur de la hanche droite, irradiant parfois au genou droit et à la région lombaire droite, essentiellement de type mécanique, mais survenant parfois au repos et la nuit.
Il n'y a pas eu de facteur déclanchant, et en particulier pas de chute.
Il s'agit d'une patiente porteuse d'une prothèse totale de hanche droite mise en place il y a 15 ans et d'une prothèse totale de hanche gauche mise en place il y a 11 ans.
Elle a subi une chirurgie d'un canal lombaire rétréci il y a 8 ans.
Elle est par ailleurs porteuse d'une gonarthrose gauche évoluée qui doit être opérée.
Les clichés radiographiques n'ont pas révélé d'anomalie au contact de la prothèse de hanche droite.
La patiente est adressée pour éliminer un descellement de la prothèse totale de hanche droite.
La scintigraphie osseuse dynamique a montré :
- au temps tissulaire, une absence d'anomalie de fixation au contact des deux prothèses;
- au temps osseux, une absence d'anomalie de fixation au contact des prothèses de hanche.
Les images scintigraphiques ne plaident pas en faveur d'un descellement mécanique ou infectieux de la prothèse de hanche droite.
On retrouve des remaniements rachidiens liés à des lésions arthrosiques et certainement de tassements vertébraux d'âge différent, en particulier sur l'étage lombaire.
Il existe une gonarthrose gauche évoluée.
On observe enfin une hyperfixation d'allure arthrosique sur les articulations périphériques.
Il n'existe pas d'autre anomalie osseuse évolutive.
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La patiente est revue 9 mois après pour bilan de gonalgies gauches.
Une prothèse bicompartimentale de genou gauche a été mise en place il y a 6 mois.
Les douleurs ont débuté il y a un mois et demi, sans facteur déclenchant.
Elles sont quasi permanentes, surtout au repos.
Le diagnostic d'algodystrophie est évoqué.
La scintigraphie osseuse dynamique a montré :
- au temps tissulaire, une hyperfixation d'intensité modérée au contact de la prothèse de genou gauche;
- au temps osseux, une hyperfixation franche au contact des deux composantes de la prothèse de genou gauche, qui semble s'étendre sur le fût fémoral et le fût tibial.
Par rapport à l'examen précédent, il n'existe pas d'autre anomalie significative.
L'étude TEMP/TDM centrée sur les genoux a montré :
- Une réaction ostéoblastique assez diffuse au contact des deux composantes de la prothèse bicompartimentale de genou gauche, sans anomalie morphologique associée.
L'analyse d'une prothèse de genou mise en place depuis six mois est difficile.
Cependant, la positivité franche du temps tissulaire et du temps osseux plaide en faveur d'une évolution anormale après cette chirurgie.
L'examen scintigraphique est compatible avec une réaction algodystrophique évolutive.
Cependant, on doit évoquer dans ce contexte une infection sur prothèse.
L'imagerie TEMP/TDM n'a rien apporté de plus au diagnostic.
Nous avons proposé une scintigraphie aux anticorps anti-granulocytes marqués pour compléter la scintigraphie osseuse.
La patiente ne nous a pas été renvoyée.
La patiente est à nouveau explorée pour gonalgies gauches 3 ans plus tard.
La prothèse de genou gauche a été changé il y a un peu plus de 2 ans pour infection.
Il persiste des douleurs essentiellement mécaniques localisées à la face antérieure du genou gauche à la marche.
La scintigraphie osseuse dynamique a montré :
- au temps tissulaire (non sauvegardé), une discrète hyperfixation en regard de la région centrale du genou gauche;
- au temps osseux, une discrète hyperfixation du genou gauche, essentiellement localisée en regard du compartiment externe du genou.
Par rapport au précédent examen, il n'y a pas d'autre modification notable.
L'étude TEMP/TDM centrée sur les genoux a montré :
- Une conflit osseux rétro-rotulien.
L'acquisition TEMP/TDM localise précisément le foyer d'hyperfixation et montre l'absence de médaillon rétro-rotulien (prothèse bicompartimentale).
Elle permet le diagnostic de conflit rétro-rotulien.
La patiente est revue cinq mois plus tard pour explorer à nouveau des gonalgies gauches.
Elle a été réopérée 2 mois plus tôt, avec mise en place d'un médaillon rétro-rotulien.
Les douleurs sont actuellement diffuses nocturnes et diurnes, avec chaleur locale.
Une algodystrophie évolutive est évoquée.
La scintigraphie osseuse dynamique a montré :
- au temps tissulaire, une hyperfixation diffuse sur le genou gauche, qui prédomine sur le compartiment supéro-externe;
- au temps osseux, une hyperfixation diffuse et d'intensité modérée qui s'étend sur le fût fémoral et le fût tibial.
Il existe par ailleurs une hyperfixation plus marquée, sans doute rotulienne.
On ne visualise pas d'autre anomalie par ailleurs.
L'étude TEMP/TDM centrée sur les genoux a montré :
- Une hyperfixation en regard de la zone d'insertion du médaillon rétro-rotulien, banale compte tenu du caractère récent de sa mise en place.
L'aspect scintigraphique est évocateur d'une algodystrophie évolutive.
Ce diagnostic paraît probable compte tenu des éléments cliniques.
Toutefois, une récidive infectieuse est toujours possible chez ce patient.
Ce cas clinique illustre bien les complications possibles des prothèses et les difficultés du diagnostic de ces complications.
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