Syndrome de Gougerot Sjögren
Plan : 1°) Généralités2°) Clinique3°) Biologie4°) Scintigraphie osseuse5°) Pronostic et évolution6°) Bibliographie
Il s'agit d'une maladie auto-immune systémique qui touche les glandes exocrines, en particulier les glandes salivaires et lacrymales.
a) Manifestations articulaires :Les manifestations articulaires sont fréquentes (75% des cas) et sont parfois inaugurales.Il s'agit souvent de polyarthralgies inflammatoires ou de véritables polyarthrites avec de petites synovites, sans érosion osseuse ou destruction articulaire. Leur distribution est symétrique, évoquant les atteintes de la polyarthrite rhumatoïde ou du lupus. Elles touchent plus volontiers les interphalangiennes proximales (33%), les métacarpophalangiennes (27%) et les poignets (12%). Elles peuvent également affecter les pieds, les chevilles, les genoux et les épaules. Le syndrome polyalgique peut évoquer une fibromyalgie. Les douleurs sont parfois intermittentes, évoluant par crises de moins d'un mois. Il existe quelquefois des érosions au niveau des interphalangiennes proximales, des métacarpophalangiennes et des poignets. Devant cette symptomatologie articulaire, il est nécessaire de rechercher les autres signes du syndrome. b) Signes généraux :Ils sont fréquents (90% des cas).L'asthénie est presque constante. c) Manifestations cliniques du syndrome sec :Le syndrome sec oculaire (xérophtalmie) se traduit par une sensation de corps étranger, de sable dans les yeux, de flou visuel, de douleurs oculaires, parfois de phénomènes de kérato-conjonctivite sèche.La sécheresse buccale (xérostomie) est responsable de difficultés à mastiquer les aliments secs, de douleurs buccales, de chélites (souvent candidosiques), d'une dysphagie, d'une ageusie, de lésions aphtoïdes et surtout de caries dentaires fréquentes et sévères. Le syndrome sec peut donner par ailleurs une atteinte de l'arbre trachéo-bronchique, avec toux sèche et dyspnée asthmatiforme, une sécheresse cutanée diffuse (xérose cutanée), une sécheresse des muqueuses vaginales (dyspareunie) et une sécheresse des voies aériennes supérieures, prédominant au niveau du nez (xérorhinie). d) Manifestations systémiques (20-80% des cas) :- Les douleurs articulaires font partie des manifestations systémiques.- Les manifestations neurologiques sont à type de neuropathies sensitives ou sensitivo-motrices (20-40% des cas) ou de rares atteintes centrales (tableaux neuropsychiatriques ou lésions démyélinisantes multifocales). - Les manifestations hématologiques associent des adénopathies banales de petite taille et une splénomégalie modérée (10-15% des cas). - Les manifestations pulmonaires correspondent le plus souvent à une trachéobronchite sèche responsable d'une toux chronique. On rencontre parfois des lésions interstitielles, allant de la pneumopathie lymphocytaire à la fibrose (10% des cas). Les pleurésies sont exceptionnelles. - Les manifestations cardiovasculaires comprennent le plus souvent un syndrome de Raynaud (15% des cas). Les péricardites et les myocardites sont exceptionnelles. - On observe parfois des vascularites des petits vaisseaux (25-30%), à type de purpura vasculaire des membres inférieurs, parfois associées à une hypergammaglobulinémie polyclonale ou à une cryoglobulinémie. Les vascularites viscérales sévères sont exceptionnnelles. - Les manifestations rénales (10% de cas) sont essentiellement des tubulopathies liées à une atteinte lymphoïde interstitielle. L'atteinte glomérulaire est rare, sauf s'il existe une cryoglobulinémie. - Les manifestations systémiques liées à une maladie auto-immune associée (30-40% des cas) peuvent être hépatiques (cirrhose biliaire primitive, hépatite chronique auto-immune), digestives (maladie de Biermer), thyroïdiennes (thyroïdite de Hashimoto). - On observe des manifestations lymphoprolifératives à type de parotidites, surtout à lymphocytes T CD4. Les patients porteurs d'un syndrome de Gougerot Sjögren ont un risque de développer un lymphome malin. Après 15 ans d'évolution, 3-5% des patients développent un lymphome à type de lymphoprolifération B des zones marginales muqueuses (glandes salivaires, bronches, estomac) ou ganglionnaire.
On observe une augmentation de la VS avec une CRP normale.
Lorsque la scintigraphie osseuse est demandée, l'exploration des douleurs articulaires nécessite la réalisation systématique d'une scintigraphie dynamique centrée sur les zones douloureuses.
La scintigraphie dynamique montre une absence d'hyperfixation ou une faible hyperfixation en regard des articulations douloureuses.
La scintigraphie osseuse n'a classiquement pas d'indication dans le syndrome de Gougerot Sjögren.
Le pronostic est habituellement bon. Le syndrome de Gougerot Sjögren doit être différencié des syndromes secs liés à une autre étiologie (médicaments, virus, autres maladies comme la sarcoïdose, l'amylose, la sclérodermie…).
Rhumatologie - Connaissances et pratique Collège Français des Enseignants en Rhumatologie Masson, Paris 2002
- Cotten A, Hachulla E
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