Ostéonécroses systémiques ou avasculaires
1°) Généralités2°) Ostéonécrose avasculaire de la tête fémorale3°) Ostéonécrose avasculaire de la tête humérale4°) Ostéonécrose avasculaire des condyles fémoraux et des plateaux tibiaux5°) Ostéonécroses des os du carpe6°) Autres ostéonécrosesL'ostéonécrose est de pathogénie discutée. On oppose une théorie vasculaire, avec ischémie osseuse systémique (ostéonécrose systémique ou avasculaire ou aseptique) et une théorie mécanique, liée à des microfractures trabéculaires (ostéonécrose mécanique ou spontanée). Les ostéonécroses systémiques doivent être différenciées des ostéonécroses mécaniques observées en particulier sur la tête fémorale, le condyle fémoral et le plateau tibial. L'absence de facteur favorisant, la localisation en général unique et la survenue chez un patient âgé, et en particulier une femme, doivent orienter le diagnostic vers une ostéonécrose mécanique. Ces dernières sont traitées dans un chapitre différent.
Le terme d'ostéonécrose systémique est classiquement réservé à l'ostéonécrose épiphysaire.
La nécrose est entourée d'un tissu de granulation d'où prolifèrent des bourgeons conjonctivo-vasculaires qui la recolonisent. Cette nécrose peut évoluer vers un séquestre osseux.
a) Clinique :L'ostéonécrose systémique se présente comme une arthropathie chronique mécanique avec douleurs essentiellement mécaniques, responsables d'une impotence fonctionnelle plus ou moins importante et d'une limitation des amplitudes articulaires.Elle peut être totalement asymptomatique, en particulier en l'absence de collapsus. Elle survient habituellement chez un patient jeune (40-60 ans). L'atteinte est souvent bilatérale (50 à 80% des cas). Il existe des formes multifocales. Elle touche le plus souvent l'épiphyse fémorale supérieure. Elle peut toucher d'autres localisations épiphysaires, soit de façon simultanée, soit dans le temps. Les autres localisations classiques sont la tête humérale (fréquemment bilatérale), le condyle fémoral, l'extrémité proximale du tibia, le talus (souvent bilatérale), le calcanéus (corps), le naviculaire (maladie de Köhler), la tête du premier et du deuxième métatarsien (maladie de Freiberg), le semi-lunaire (traumatismes) et l'extrémité interne de la clavicule.
b) Etiologie :L'ostéonécrose avasculaire peut être primitive dans environ 30% des cas.Elle est favorisée par l'éthylisme chronique, la surcharge pondérale, les troubles du métabolisme des graisses, le diabète, l'hyperuricémie et les microtraumatismes.
Les ostéonécroses secondaires ont des causes multiples.
c) Physiopathologie :Plusieurs mécanismes sont impliqués dans l'ostéonécrose avasculaire.Il peut s'agir d'un traumatisme vasculaire direct (fracture du col fémoral…), d'obstructions vasculaires multiples (drépanocytose…), d'une compression extrinsèque des vaisseaux médullaires (maladie de Gaucher…) ou d'une toxicité directe sur la moelle et/ou les ostéocytes (alcool, corticothérapie…).
d) Radiologie conventionnelle et TDM :Les clichés radiographiques sont le plus souvent normaux au début et peuvent le rester longtemps.Il n'existe en particulier pas de pincement de l'interligne articulaire ou d'ostéophyte. Ils peuvent montrer une hypodensité relative, une condensation irrégulière due à la revascularisation de l'os nécrosé, une déformation et un tassement de l'épiphyse nécrosée. Ils peuvent mettre en évidence des plages d'ostéolyse cerclée d'un liseré calcifié pathognomonique, bien limité. La classification de Ficat et Arlet évalue les signes radiologiques de l'ostéonécrose avasculaire en 4 stades évolutifs : - Au stade 1, il n'existe pas d'anomalie radiologique. - Au stade 2, on observe des anomalies de transparence ou une condensation en bandes. - Au stade 3, on observe une dissection sous-chondrale en coquille d'œuf et une perte de la sphéricité de l'épiphyse par enfoncement du foyer de nécrose, avec ou sans décroché de la corticale. L'interligne articulaire est respecté. - Au stade 4, on observe un effondrement de l'épiphyse et une arthrose secondaire. Cette classification a une faible reproductivité intra ou interobservateurs. Ces anomalies sont mieux détectées et analysées par la TDM.
e) IRM :L'IRM est l'examen de référence.C'est l'examen le plus précoce et le plus sensible. Elle montre l'atteinte controlatérale éventuelle et permet le diagnostic différentiel. Elle met en évidence plusieurs signes en faveur de l'ostéonécrose avasculaire : - Le liseré de démarcation peut apparaître en " double ligne ", avec hyposignal T2 plus interne (ou plus postérieur), doublé d'un hypersignal T2 externe (ou antérieur) selon le plan de coupe. Ce liseré de démarcation est concave vers l'articulation. - Le contenu du territoire nécrotique est variable. On peut observer un aspect normal (graisse), hétérogène en cas de collapsus avec des plages de nécrose en hyposignal T1 et T2 et sans rehaussement, des plages de granulation vascularisée en hypersignal intermédiaire T2, des stries de fractures en hyposignal T1 et T2 et des zones de dissection sous-chondrale ou de géodes de type liquidien. Le territoire nécrotique a souvent une forme grossièrement triangulaire. La présence d'une fracture de fatigue surajoutée se traduit par un liseré d'hyposignal T1 et T2, parallèle et à faible distance de la lame osseuse sous-chondrale, non relié à la corticale ou parfois concave vers le centre de l'épiphyse. Ces anomalies doivent être différenciées des modifications observées dans l'os sous-chondral d'une articulation arthrosique douloureuse, qui se présentent sous la forme de plages en hyposignal T2 (sclérose, fibrose, nécrose), mais qui ne présentent pas de composante linéaire évoquant une fracture de stress. Dans ce cas, le pincement articulaire oriente le diagnostic.
f) Scintigraphie osseuse :La scintigraphie osseuse trois temps est un examen très sensible. Elle permet de dépister les atteintes silencieuses et les formes multifocales.A un stade précoce (rarement rencontré), on peut observer une hypoperfusion au temps vasculaire, associée à une hypofixation focalisée au temps osseux en regard de l'épiphyse pathologique. Cette image est très évocatrice d'une ostéonécrose. L'image la plus caractéristique est le signe de la cocarde (cold-in-hot). Il s'agit d'une lacune de fixation focalisée, complètement entourée d'un halo hyperfixant. On observe le plus souvent une hyperfixation de l'épiphyse pathologique, prédominant dans les régions de contraintes maximales (pôle supéro-externe de la tête fémorale). Secondairement cette hyperfixation s'étend vers le col fémoral et la région inter-trochantérienne. Lorsqu'une scintigraphie trois temps est réalisée, elle montre une hypervascularisation régionale associée à l'hyperfixation tardive. Lorsque l'ostéonécrose n'est plus évolutive (ostéonécrose ancienne), l'hyperfixation scintigraphique diminue, puis se normalise. Lorsque les ostéonécroses sont multiples, le tableau peut parfois faire discuter des métastases osseuses. La sensibilité et la spécificité de l'IRM sont meilleures que celles de la scintigraphie osseuse planaire.
La TEMP/TDM montre l'hyper et/ou l'hypofixation épiphysaire et la localise en regard des anomalies morphologiques classiques de l'ostéonécrose avasculaire mises en évidence sur les images TDM.
g) Bibliographie :- Arlaud JAlgodystrophies et ostéonécroses : Aspects cliniques Bulletin de l'ACOMEN 1992;2:89-93
- Arrivé L, Azizi L, Le Hir P, Pradel C
- Ayoub G, Bardin T
- Collet P, Quéneau P
- Dupuy JC
- Elgazzar AH
- Guermazi A
- Hernigou P
- Kirchner PT, Simon MA
- Paycha F, Richard B
- Reiser M, Baur-Melnyk A, Glaser C
- Siegler BA, Kirchner PT
- Wioland M, Chauvot P
a) Epidémiologie :C'est la plus fréquente des ostéonécroses.Elle survient préférentiellement chez l'homme entre 25 et 55 ans, avec un pic de fréquence à 35 ans. Elle est 4 fois plus fréquente chez l'homme que chez la femme. Son incidence en Europe est de 0,1/100. Elle est rencontrée chez 10% des patients opérés pour PTH. Elle est souvent bilatérale (environ 70% des cas), d'emblée ou secondairement, et volontiers asymétrique.
b) Etiologie :Parmi les étiologies des ostéonécroses, on doit souligner particulièrement deux étiologies classiques de l'ostéonécrose de la tête fémorale.Les ostéonécroses post-traumatiques surviennent 6 à 24 mois après une fracture de l'extrémité supérieure du fémur, une luxation de hanche ou parfois un traumatisme indirect. Elles sont en général unilatérales. Les ostéonécroses radiques de la tête fémorale peuvent survenir au décours du traitement d'un cancer pelvien par radiothérapie. Cette lésion peut se compliquer de fractures.
c) Clinique :L'ostéonécrose de la tête fémorale est initialement asymptomatique et peut le rester plusieurs mois.Lorsque les douleurs apparaissent, elles sont souvent non spécifiques. Le début est parfois brutal (1/3 des cas), avec une douleur inguinale vive qui survient lors d'un effort ou de façon spontanée. Il est plus souvent progressif (2/3 des cas), à type de douleur modérée et de gène dans les mouvements de la hanche. La douleur est essentiellement mécanique, se majorant en charge, avec boiterie. Parfois, la douleur est spontanée et nocturne. Elle est quelquefois permanente, avec marche impossible. On peut noter des irradiations fessières et crurales. Il peut exister une limitation de l'amplitude articulaire et classiquement un épanchement articulaire. La maladie peut évoluer vers la coxarthrose. La douleur est classiquement associée à la présence d'un épanchement intra-articulaire, d'un œdème médullaire ou d'une fracture sous-chondrale. Il n'existe pas d'anomalie biologique.
d) Clichés radiographiques et TDM :Les anomalies morphologiques sont en retard sur la clinique.La classification de Arlet et Ficat décrit 4 stades évolutifs : - Au stade 1, l'aspect radiographique de la tête fémorale est normal. - Au stade 2, il existe une déminéralisation segmentaire et hétérogène de la tête fémorale, parfois avec une condensation périphérique en bande arciforme, cerclant la nécrose, correspondant au liseré de démarcation, concave vers l'interligne. Il n'existe pas de perte de la sphéricité de la tête fémorale. Le cotyle et l'interligne articulaire sont normaux. - Au stade 3, on visualise une clarté linéaire sous-chondrale de la tête fémorale, correspondant à une dissection de l'os sous-chondral (image en coquille d'œuf), parfois remplie de gaz, associée à une hyperclarté ovalaire ou triangulaire plus ou moins étendue et cernée à sa partie inférieure par une bande d'ostéosclérose concave en haut. La lame osseuse sous-chondrale demeure solidaire du cartilage articulaire. Il existe une perte de la sphéricité de la tête, évoluant vers l'impaction de la zone de nécrose, avec ou sans décroché du contour épiphysaire. L'interligne articulaire est respecté. - Au stade 4, on note un aplatissement céphalique fémoral, avec pincement de l'interligne articulaire et une ostéophytose modérée. La TDM met en évidence les anomalies condensantes du stade II, avec hétérogénéité de la tête fémorale et désorganisation des travées osseuses centrales. On observe parfois une zone hypodense, avec hyperdensité périphérique correspondant à un séquestre osseux. C'est le meilleur examen pour rechercher les fractures sous-chondrales ou un méplat de la tête fémorale.
e) IRM :L'IRM est l'examen de référence.Elle apporte des renseignements séméiologiques et des renseignements pronostiques. Le délai maximum entre le début théorique de l'ostéonécrose et l'apparition des anomalies du signal IRM est généralement supérieur à 6 mois. - Données séméiologiques :
Le liseré de démarcation se traduit par une ligne ou une fine bande plus ou moins sinueuse, qui circonscrit la nécrose, plus ou moins concave vers le haut et vers l'articulation. Ses extrémités se recordent à la lame osseuse sous-chondrale.
La zone nécrotique (séquestre osseux), délimitée par le liseré de démarcation, a un signal très variable en fonction de l'ancienneté de la nécrose.
L'oedème médullaire péri-lésionnel se traduit par une plage d'hyposignal T1, qui devient hyperintense en T2 et se rehausse après injection de Gadolinium. Un épanchement intra-articulaire est fréquent. Il est surtout visible en pondération T2. - Données pronostiques :
La topographie et l'étendue de l'ostéonécrose sont des critères pronostiques.
Le signal de la nécrose donne également des informations pronostiques.
La présence d'un oedème médullaire péri-lésionnel s'étendant sur le col est associée à un risque d'évolution défavorable vers un collapsus de la tête fémorale. L'ostéonécrose de la tête fémorale est souvent bilatérale et peut conduire à la mise en place de prothèses de hanche. La présence d'une fracture par insuffisance osseuse associée est un élément de mauvais pronostic. Elle explique parfois la survenue des douleurs.
f) Scintigraphie osseuse :La scintigraphie osseuse trois temps est un examen très sensible.Elle est cependant moins sensible et moins spécifique que l'IRM. Elle permet de dépister les atteintes silencieuses et les formes multifocales. On décrit 4 stades scintigraphiques évolutifs (Gottschalk) : - Le stade 1 est précoce (moins d'un 1 mois). On peut observer une hypoperfusion de la zone pathologique au temps vasculaire, associée à une hypofixation centrale de la tête fémorale au temps osseux, par interruption de l'apport sanguin. Cette présentation scintigraphique est très évocatrice de l'ostéonécrose (sensibilité 85-90%), mais elle est rarement rencontrée. Cette image n'est cependant pas spécifique, puisqu'elle peut également traduire une augmentation de la pression dans l'articulation au cours d'une hémarthrose ou d'une arthrite septique. A ce stade, les clichés radiographiques sont normaux. - Le stade 2 (généralement entre 1 et 4 mois) reflète la revascularisation précoce. Il apparait, au temps osseux, un anneau d'hyperfixation qui entoure la zone d'hypofixation centrale, puis rapidement l'hyperfixation augmente vers la zone de nécrose au fur et à mesure que l'os se répare. Ce tableau, appelé " signe de la cocarde " (cold-in-hot) est l'image la plus caractéristique. A ce stade, les clichés radiographiques montrent une augmentation de la densité de la tête fémorale. - Le stade 3 montre une hyperfixation de l'épiphyse pathologique, prédominant dans les régions de contraintes maximales (pôle supéro-externe de la tête fémorale). Secondairement, cette hyperfixation s'étend vers le col fémoral et la région inter-trochantérienne. Lorsqu'une scintigraphie trois temps est réalisée, elle montre une hypervascularisation régionale associée à l'hyperfixation tardive. - Le stade 4 représente un retour à la normale avec guérison complète. Si la guérison ne survient pas, on observe une hyperfixation des deux côtés de l'articulation traduisant la coxarthrose quelques mois après le début. Lorsque l'ostéonécrose n'est plus évolutive, la fixation scintigraphique diminue, puis se normalise.
La TEMP/TDM montre l'hyper et/ou l'hypofixation qui correspond sur les images TDM à une bande d'ostéocondensation arciforme, concave vers l'articulation, qui entoure un territoire nécrosé qui est de transparence variable.
g) Classification de l'ARCO :Il s'agit d'une classification évolutive qui intègre les différents éléments du diagnostic de l'ostéonécrose de la tête fémorale.- Le stade 0 est le stade initial. On ne détecte pas de modification morphologique à l'imagerie, mais l'ostéonécrose est évidente à l'histologie. - Le stade I correspond à un stade précoce réversible. Les radiographies et la TDM sont normales. La scintigraphie osseuse planaire montre une hypofixation diffuse du traceur (cold spot). L'IRM met en évidence un œdème de la moelle osseuse sans délimitation d'une zone avasculaire. - Le stade II correspond à un stade précoce irréversible. La radiographie et la TDM montrent un bord sclérotique ou une sclérose focale ou le signe de l'astérisque. La scintigraphie osseuse planaire met en évidence un aspect de " cold in hot spot ". L'IRM visualise la délimitation d'une zone réactionnelle périphérique avec signe de la double ligne (65-80% des cas), se traduisant en T2 par une zone linéaire d'hypersignal par le bord de la lésion (tissu de granulation vascularisé) et une zone d'hyposignal à travers l'os environnant (sclérose). En T1, sans contraste, les deux zones sont hypointenses et il existe un rehaussement dans la zone vascularisée après injection de Gadolinium. - Le stade III est un stade transitionnel. Il existe à la radiographie et à la TDM une clarté linéaire sous-chondrale (signe du croissant) et un aplatissement de la tête fémorale. On peut individualiser une fracture sous-chondrale. La scintigraphie osseuse planaire montre un " hot in hot spot ". L'IRM retrouve un aplatissement de la tête fémorale, une intensité de signal linéaire élevée (trait de fracture rempli de liquide) ou faible (trabécules denses) sous la plaque osseuse sous-chondrale (signe du croissant = fracture sous-chondrale). - Le stade IV est un stade tardif. On objective en radiographie à la TDM et à l'IRM un aplatissement des surfaces articulaires et des lésions dégénératives. La scintigraphie osseuse montre un " hot spot ".
h) Bibliographie :- Beltran J, Herman LJ, Burk JM, Zuelzer WA, Clark RN, Lucas JG, Weiss LD, Yang AFemoral head avascular necrosis: MR Imaging with clinical-pathologic and radionuclide correlation Radiology 1988;166:215-220
- Calder JD, Hine AL, Pearse MF, Revell PA
- Cotten A, Muzielack-Zanetti C, Bera-Louville A, Migaud H
- Hernigou Ph
- Elgazzar AH
- Lerais JM, Krause D, Kastler B, Tavernier C
a) Epidémiologie :Il s'agit d'une nécrose ischémique d'un territoire vasculaire plus ou moins étendu de la tête humérale.Elle est parfois associée à d'autres ostéonécroses, et notamment à une ostéonécrose de la tête fémorale dans 81% des cas, volontiers dans le cadre d'une forme multifocale. La nécrose touche le quadrant supéro-interne ou le quadrant inféro-interne de la tête humérale et occupe habituellement la moitié de sa circonférence.
b) Etiologie :Elle est le plus souvent d'origine traumatique et donc souvent isolée.Lorsqu'elle bilatérale ou dans le cadre d'une atteinte multifocale, elle est le plus souvent secondaire à une pathologie ou à un traitement, et en particulier à une drépanocytose ou à une corticothérapie. Pour les ostéonécroses non traumatiques, cette nécrose occupe le 2ème rang après l'ostéonécrose avasculaire de la tête fémorale.
c) Clinique :Sur le plan clinique, le début peut être brutal ou progressif, associée à une gène fonctionnelle.Les douleurs sont de type mécanique et sont accompagnées d'une limitation articulaire. L'évolution se fait vers l'arthrose dégénérative. Elle est souvent asymptomatique et bien tolérée cliniquement. On considère en général, qu'il existe une période moyenne de 3 ans entre le diagnostic IRM et l'apparition des douleurs.
d) Clichés radiographiques et TDM :Les clichés radiographiques, souvent normaux au début, montrent plusieurs semaines après le début clinique, un aspect densifié ou clair, parfois pommelé de la tête humérale.On peut noter une bande ostéocondensée arciforme cerclant le territoire nécrosé, de transparence variable. Il apparaît secondairement une dissection de l'os sous-chondral avec image en coquille d'œuf, puis un décroché de la surface articulaire. Tardivement, on peut rencontrer des modifications du contour céphalique avec apparition d'un méplat de la partie supérieure de la tête humérale, aspect martelé ou véritable décroché segmentaire.
On décrit quatre stades évolutifs :
e) IRM :Elle montre des modifications identiques à celles observées dans l'ostéonécrose avasculaire de la tête fémorale.Elle met en évidence un liseré de démarcation, la zone de nécrose, un œdème médullaire péri-lésionnel et un épanchement intra-articulaire éventuel. Elle évalue la localisation et la taille de la nécrose et montre les modifications éventuelles de la sphéricité de la tête humérale.
f) Scintigraphie osseuse :La scintigraphie osseuse trois temps se traduit le plus souvent par une hypervascularisation régionale intense au temps vasculaire, associée à une hyperfixation marquée et plus ou moins étendue de la tête humérale au temps tissulaire et au temps osseux.Cette hyperfixation s'associe aux anomalies morphologiques décrites ci-dessus sur les images TEMP/TDM. L'examen permet par ailleurs de montrer les formes multifocales éventuelles.
g) Bibliographie :- Boutry N, Demondion X, Bera-Louville A, Jaspart M, Maynou C, Cotten AChapitre 1 : Ceinture scapulaire - Autres affections Imagerie musculosquelettique - Pathologies locorégionales - Cotten A Elsevier Masson SAS, 2008:84-133
- Lerais JM, Krause D, Kastler B, Tavernier C
a) Epidémiologie :Elle touche des patients jeunes, entre 20 et 50 ans, volontiers de sexe masculin.Toutes étiologies confondues, le condyle fémoral est la localisation la plus fréquente après la tête fémorale. C'est par contre la 3ème localisation d'ostéonécrose avasculaire après la tête fémorale et la tête humérale, si l'on ne prend en compte que les ostéonécroses avasculaires non traumatiques. Cependant, la fréquence des ostéonécroses sur les genoux est probablement sous-estimée.
b)Etiologie :Les ostéonécroses systémiques ou avasculaires sont essentiellement liées à la corticothérapie.On les rencontre parfois au cours de la maladie de Gaucher, de la drépanocytose ou de la maladie des caissons. Les ostéonécroses des genoux sont relativement rares après un traumatisme. L'atteinte est bilatérale dans plus de 80% des cas et parfois multifocale. Les lésions sont habituellement multiples sur les genoux, touchant l'épiphyse, la métaphyse et/ou la diaphyse des fémurs et des tibias, et parfois la patella. L'ostéonécrose systémique des genoux est à différencier de l'ostéonécrose mécanique ou spontanée qui touche principalement la femme après 50 ans.
c) Clinique :L'ostéonécrose systémique du genou est le plus souvent asymptomatique.Les ostéonécroses épiphysaires sont longtemps silencieuses. Elles peuvent devenir douloureuses de façon progressive le plus souvent, ou brutalement, notamment lors de la formation d'un collapsus épiphysaire. Le risque de collapsus est fonction de l'étendue et du siège de la nécrose. Ce risque est plus élevé pour l'atteinte du condyle fémoral que pour l'atteinte du plateau tibial, en particulier lorsque la nécrose touche les zones de contraintes mécaniques maximum. Les infarctus métaphysaires et diaphysaires associés sont souvent asymptomatiques et découverts lors du bilan de l'ostéonécrose.
L'ostéonécrose peut se traduire par une gonalgie mécanique de survenue parfois brutale.
d) Clichés radiographiques et TDM :Les clichés radiographiques sont normaux au début. Il existe un important retard radio-clinique.Les anomalies mises en évidence sont comparables à celles observées dans l'ostéonécrose systémique de la tête fémorale. Il apparaît de façon progressive de minimes modifications de la plage osseuse sous-chondrale à type de raréfaction osseuse ou de densification, circonscrites par un liseré serpigineux d'ostéocondensation, en carte de géographie. On retrouve deux signes spécifiques d'ostéonécrose épiphysaire collabée. Il existe fréquemment un décroché abrupt du contour épiphysaire et un clivage sous-chondral radiotransparent. Le patient est habituellement symptomatique. Les lésions sont souvent multifocales. Tardivement, il apparaît des remaniements dégénératifs. Ces anomalies sont mieux analysées par la TDM.
e) IRM :L'IRM apporte les mêmes renseignements que dans l'ostéonécrose systémique de la tête fémorale.
Elle met en évidence classiquement des lésions géographiques de signal plus ou moins graisseux, entourées d'un liseré hypointense en T1 et d'une double ligne hypo et hyperintense en T2.
f) Scintigraphie osseuse :La scintigraphie osseuse trois temps permet un diagnostic précoce de l'ostéonécrose.Elle peut révéler une hypofixation entourée d'une hyperfixation épiphysaire ou métaphysaire, souvent à un stade infraclinique. Elle se traduit souvent par une hypervascularisation régionale intense au temps vasculaire, associée à une hyperfixation marquée et plus ou moins étendue du condyle au temps tissulaire et au temps osseux. L'imagerie hybride TEMP/TDM montre en regard de l'hyperfixation une raréfaction osseuse ou une densification correspondant à la zone de nécrose, un liseré ostéocondensé serpigineux cerclant la zone de nécrose, parfois une image claire sous-chondrale avec aspect en coquille d'œuf, éventuellement une modification du contour condylien (décroché articulaire régulier, aplatissement condylien). Elle retrouve la normalité de l'interligne articulaire au début et la normalité du plateau tibial.
g) Bibliographie :- Cotten A, Dupont S, Flipo RM, Cordonnier D, Demondion XChapitre 6 : Genou - Autres pathologies Imagerie musculosquelettique - Pathologies locorégionales - Cotten A Elsevier Masson SAS, 2008:719-747
- Elgazzar AH
- Lerais JM, Krause D, Kastler B, Tavernier C
a) Ostéonécrose du scaphoïde :1) Ostéonécrose traumatique du scaphoïde :Elle survient après une fracture du scaphoïde, tout particulièrement après une fracture polaire supérieure ou chez des patients multi-opérés.Elle affecte presque toujours le pôle proximal du scaphoïde en raison d'une insuffisance de vascularisation. Les premières semaines sous plâtre, on peut observer parfois une pseudo-condensation du fragment proximal secondaire à la raréfaction de l'os adjacent ou à un artéfact lié à la rotation des fragments. Puis, il apparaît une authentique densification osseuse du fragment entre la 4ème et la 8ème semaine après le traumatisme. L'IRM confirme le diagnostic, avec un hyposignal T1 et T2 du fragment proximal, qui ne se rehausse pas après injection de Gadolinium. Elle peut montrer l'affaissement du fragment proximal qui est responsable d'une désaxation carpienne adaptative. La scintigraphie osseuse dynamique est très sensible, au moins autant que l'IRM. L'ostéonécrose se traduit par une hypervascularisation locale et une hyperfixation tissulaire et osseuse en regard du scaphoïde. L'imagerie hybride TEMP/TDM montre une hyperfixation focalisée en regard d'un fragment du scaphoïde, qui correspond le plus souvent au pôle proximal, associée à une ostéocondensation et parfois à une fragmentation.
2) Ostéonécrose idiopathique du scaphoïde ou maladie de Preiser :La maladie de Preiser est une ostéonécrose idiopathique ou secondaire à des microtraumatismes répétés, des affections métaboliques, une chimiothérapie ou une corticothérapie.Elle est isolée ou parfois associée à la maladie de Kienböck. Le diagnostic est fait par l'IRM qui montre des anomalies de signal diffuses de l'os, contrairement à l'ostéonécrose post-traumatique qui présente des anomalies focalisées. Elle a une propension à la fragmentation osseuse du scaphoïde.
3) Bibliographie :- Boutry N, Fontaine Ch, Morel M, Chantelot Ch, Cotten APathologies osseuses et dégénératives du poignet Chapitre 3 : Main et poignet Imagerie musculosquelettique - Pathologies locorégionales - Cotten A Elsevier Masson SAS, 2008:171-324
- Garg B, Gupta H, Kotwal P
- Glaude EL, Bacqueville E, Fontaine C, Cotten A
- Peterson DA, Brandser EA, Steyers CM
b) Autres ostéonécroses du carpe :L'ostéonécrose du lunatum ou semi-lunaire est traitée dans les ostéochondroses.Les autres ostéochondroses sont plus rares. On peut observer une ostéonécrose du capitatum (ou grand os) surtout chez les gymnastes et les haltérophiles. Par ailleurs, des ostéonécroses de l'hamatum (ou os crochu) et du triquetrum (ou pyramidal) peuvent se rencontrer.
a) Ostéonécrose vertébrale :L'ostéonécrose vertébrale survient le plus souvent chez la femme âgée, ostéoporotique, avec un pic de fréquence à 69 ans.Elle est probablement liée à une ischémie osseuse, en rapport avec une lésion vasculaire traumatique ou à d'autres facteurs comme une thrombo-embolie ou une stase veineuse.
Elle se manifeste comme un banal tassement ostéoporotique, avec une douleur de survenue brutale, intense et localisée.
Elle se localise préférentiellement à la charnière dorso-lombaire (T12, L1, L2).
Les clichés radiographiques montrent une hypertransparence osseuse constante et une fracture vertébrale.
Il n'existe pas de lyse du corps vertébral.
L'IRM met en évidence une fente à contenu liquidien en hyposignal T1 et hypersignal T2 au centre du corps vertébral, qui correspond à l'image de dissection aérique radiologique.
La scintigraphie osseuse met en évidence une hyperfixation vertébrale intense et sensiblement homogène.
L'ostéonécrose vertébrale se rencontre surtout dans l'ostéoporose commune, mais peut être observée dans les tassements de la maladie de Kahler, la spondylarthrite ankylosante, les maladies systémiques ou après un traumatisme.
La drépanocytose est responsable d'ostéonécroses vertébrales ischémiques par thrombose des microvaisseaux
L'atteinte est généralement multifocale et survient dans 80% des cas pendant l'enfance.
Javier et Coll ont décrit un cas particulier d'ostéonécroses vertébrales étagées confirmées histologiquement, avec un signe de la double ligne en IRM, chez une patiente âgée, porteuse d'une ostéoporose traitée et aux antécédents de lymphome de Burkitt en rémission après une chimiothérapie.
La maladie de Kümmel-Verneuil est une pathologie rare, qui serait liée à une nécrose ischémique vertébrale. Bibliographie :
- Aide N, Franson T, Marie B, Chasle J, Lesaunier F, Bardet S
- Barthes L
- Javier RM, Moser T, Dietemann JL, Sparsa L, Natarajan-Ame S, Chenard MP, Kuntz JL
- Laures-Gros M, Meuree A, Konate AP, Rullier S, Fontaine C, Roubille C, Le Quellec A
- Pittet-Barbier L
b) Ostéonécrose de la mâchoire liée aux bisphosphonates :Depuis quelques années les bisphosphonates sont utilisés dans le traitement des métastases osseuses, de l'ostéoporose, de l'hypercalcémie ou de la maladie de Paget.Des cas d'ostéonécrose avasculaire de la mâchoire ont été décrits chez des patients traités par les bisphosphonates. Ce type d'ostéonécrose surviendrait plus volontiers chez les patients traités au long cours par des bisphosphonates de nouvelle génération (zolédronate, pamidronate), en particulier en injection IV. Le risque semble plus élevé avec l'augmentation de la durée du traitement. Le délai moyen entre l'introduction des bisphosphonates et le développement de l'ostéonécrose de la mâchoire est estimé entre 1 et 3 ans. En oncologie, l'incidence globale de l'ostéonécrose de la mâchoire est de 1 à 12% après 36 mois de traitement par les bisphosphonates IV. Dans le traitement de l'ostéoporose, son incidence est plus faible (1/100.000 à 1/10.000 patient-années). L'âge moyen des patients est presque toujours supérieur à 50 ans.
Sur le plan physiopathologique, les bisphosphonates inhiberaient de façon excessive le turn over osseux mandibulaire, ce qui favoriserait l'ostéonécrose.
Sur le plan clinique, l'ostéonécrose doit être évoquée chez un patient présentant des douleurs faciales diffuses ou de la mâchoire, et traité par bisphosphonates, en particulier s'il existe des facteurs de risque associés.
On décrit trois stades successifs d'ostéonécrose de la mâchoire :
L'orthopantomographie est souvent en retard sur les lésions cliniques.
La scintigraphie osseuse dynamique montre une hyperfixation franche au temps tissulaire et au temps osseux au niveau de l'ostéonécrose, du fait de la nécrose osseuse et de la surinfection, ce qui permet leur dépistage. Bibliographie :
- Abu-Id MH, Warnke PH, Gottschalk J, Springer I, Wiltfang J, Acil Y, Russo PA, Kreusch T
- Decroisette C
- Dore F, Filippi M, Chiandussi S, Cavalli F, Di Lenarda R
- Landis BN, Dojcinovic I, Hugentobler M
- Morris PG, Hudis C, Carrasquillo J, Larson S, Grewal RK, Van Poznak C
- Salino S, Bodard AG, Timour Q
- Van den Wyngaert T, huizing MT, Fossion E, Vermorken JB
- Van den Wyngaert T, huizing MT, Fossion E, Vermorken JB
Tous droits réservés Copyright & copy; 1998, Dr Ph Granier Date de création : 21/11/11 Date de mise à jour : 13/02/12 |