La scintigraphie osseuse en CancérologiePlan :
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I - Diagnostic positif de métastases osseuses |
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Lors du premier bilan, la probabilité de découvrir des métastases
osseuses est fonction de la tumeur primitive, de sa forme histologique et de son
stade clinique.
La scintigraphie osseuse fait partie intégrante du bilan des cancers les plus ostéophiles comme les cancers du sein, de la prostate, du poumon, et du rein.
Dans les cancers moins ostéophiles cet examen ne doit pas être prescrit en première intention, mais seulement en cas de signes d'appel osseux.
Le diagnostic de métastases osseuses peut-être plus ou moins difficile en fonction du mode de présentation scintigraphique. On peut schématiquement en distinguer quatre types différents :
Les métastases osseuses se révèlent le plus souvent par des foyers d'hyperfixation multiples, asymétriques, essentiellement localisés au squelette axial.
Lorsque les anomalies se présentent sous cette forme, le diagnostic ne fait guère de doute, surtout si elles surviennent lors du suivi d'un cancer ostéophile.
Les localisations métastatiques les plus fréquentes sont par ordre de fréquence le thorax et les côtes (37 %), le rachis et le bassin (26 %), les membres (15 %), le crâne (10 %), les extrémités (10 %).
Le diagnostic est plus difficile lorsque la scintigraphie révèle un ou deux foyers d'hyperfixation, surtout si le patient n'a pas d'antécédent de néoplasie.
Les caractéristiques des lésions peuvent orienter. En effet, les lésions métastatiques sont en général très hyperfixantes. Elles sont plutôt mal limitées et diffusent volontiers le long des os.
L'expression clinique et radiologique des métastases osseuses est en général retardée. Du fait de sa très forte sensibilité la scintigraphie osseuse a en moyenne quatre mois d'avance sur les signes radiographiques.
Mais ce délai peut dépasser un an.
Par contre sa spécificité n'est pas excellente, ce qui signifie qu'elle différencie mal une lésion métastatique d'une lésion osseuse d'autre origine.
Il ressort de cela que tout foyer scintigraphique doit faire l'objet d'une vérification radiologique. En fonction du résultat de la radiographie, on doit envisager trois possibilités :
· les clichés radiographiques centrés confirment les métastases osseuses ;
· les radiographies montrent des anomalies osseuses d'autre origine (lésions arthrosiques multiples, séquelles traumatiques, maladie de Paget...);
· enfin les radiographies peuvent être normales.
L'association d'une lésion scintigraphique osseuse à une radiographie normale doit faire porter le diagnostic de métastase osseuse (précocité des signes scintigraphiques). Une étude tomodensitométrique ou éventuellement une biopsie osseuse confirmeront ce diagnostic.
Lorsque les métastases osseuses sont disséminées sur tout le squelette, on peut rencontrer le tableau scintigraphique de " Superscan Métastatique ".
Il se traduit par une importante hyperfixation du traceur sur l'ensemble du squelette prédominant cependant sur le squelette axial. Cette hyperfixation est très souvent hétérogène. L'importante hyperfixation squelettique s'accompagne d'une très faible visualisation des reins (grande avidité des lésions métastatiques pour le radiotraceur).
Ce tableau se rencontre essentiellement dans les cancers du sein et de la prostate.
Lorsque l'apport sanguin est nul ou lorsque le tissu osseux est remplacé
par du tissu tumoral, on peut observer une ou plusieurs plages d'hypofixation
sur la scintigraphie osseuse.
Ces lésions se rencontrent essentiellement dans la maladie de Kahler,
le cancer du rein et parfois dans le cancer du poumon.
Elles peuvent se présenter comme des zones purement froides ou comme
des zones froides entourées d'un liseré hyperfixant. Des lésions
hyperfixantes et des lésions hypofixantes peuvent parfois s'associer
sur la même scintigraphie.
La scintigraphie osseuse a une faible sensibilité pour le diagnostic
de telles lésions, par ailleurs peu fréquentes. Les faux négatifs
de l'examen sont estimés à moins de 3 %.
II - Diagnostic différentiel : |
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L'interprétation de la scintigraphie osseuse doit intégrer les antécédents
médicaux, chirurgicaux et traumatiques obtenus par l'interrogatoire du
patient. Quelques exemples permettront d'illustrer ce propos.
La notion d'un traumatisme thoracique récent avec douleurs costales confortera le diagnostic de fractures de côtes devant des foyers d'hyperfixation ponctuels, bien alignés sur plusieurs arcs costaux.
Une radiothérapie est responsable d'une hypofixation des zones osseuses irradiées. C'est le cas pour le rachis dorsal après radiothérapie pour cancer broncho-pulmonaire.
Une mastectomie provoque souvent une hyperfixation dans les tissus mous si elle est récente (attrition tissulaire), et une hyperfixation costale si elle est plus ancienne (absence de l'atténuation normale liée au sein).
De même après mastectomie on note parfois une hyperfixation homolatérale de l'épaule liée à une algodystrophie.
Dans les cancers bronchiques on peut rencontrer une hyperfixation linéaire, intense, péri-corticale au niveau des os longs, liée à une ostéo-arthropathie hypertrophiante (aspect en " ligne de tram "). Cette lésion peut régresser rapidement après traitement de la lésion primitive.
Parfois enfin, après une chimiothérapie on peut voir une hyperactivité au niveau des épiphyses des os longs en rapport avec une expansion médullaire, qui n'a rien de pathologique.
Comme nous l'avons vu ci-dessus, les examens radiographiques jouent un rôle
fondamental dans le diagnostic différentiel en raison de leur bonne spécificité.
III - Le suivi : |
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La scintigraphie osseuse occupe une place privilégiée dans le bilan en cancérologie. Elle est un élément indispensable de l'évaluation initiale des cancers ostéophiles et de leur suivi, en association avec les marqueurs tumoraux.
Lors du bilan initial, la découverte de métastases osseuses cliniquement silencieuses peut modifier fortement la conduite à tenir. Un geste chirurgical peut être récusé.
L'apparition de métastases osseuses lors du suivi peut conduire à modifier le protocole thérapeutique.
La scintigraphie permet de suivre l'efficacité des traitements instaurés.
La scintigraphie osseuse fait partie intégrante du bilan des cancers ostéophiles, en association avec les marqueurs tumoraux, tant lors du bilan initial que lors du suivi.
Par contre dans les cancers peu ostéophiles, cet examen ne sera pratiqué qu'en cas de signe d'appel osseux.
L'interprétation de l'examen osseux doit prendre en compte les antécédents médicaux, chirurgicaux et traumatiques du patient.
En cancérologie, comme en pathologie osseuse en général, la Médecine Nucléaire et la Radiologie ont une très forte complémentarité. De par sa forte sensibilité, la scintigraphie
osseuse utilisée en première intention permet un diagnostic précoce des métastases osseuses. Par contre sa faible spécificité nécessite un contrôle des anomalies osseuses découvertes par des clichés radiographiques centrés, des coupes tomodensitométriques
et éventuellement une biopsie osseuse.
- Granier P. - La scintigraphie osseuse en Cancérologie - Rhumatologie Pratique 1997 ; 166 : 3-4.
- Maisey M.N., Britton K.E., Gilday D.L. - Clinical Nuclear Medicine - Chapman and Hall Medical 1991.
- Mettler F. A., Guiberteau M. J. - Essentials of Nuclear Medicine Imaging - W. B. Saunders Compagny 1991
- Siegler B. A., Kirchner P. T. - Nuclear Medicine : Self-Study Program I - Society of Nuclear Medicine 1988